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Mauleskine le blog qui cultive la pensée sauvage
19 mai 2014

Samedi Défi: des origines du Triangle des Bermudes

Si vous ne connaissez pas les Défis du Samedi, il faut aller faire un tour sur ce blog.

Tous les samedis à 00h02, un thème, une contrainte. Une semaine pour écrire et proposer un texte. Samedi suivant à 00h01, les textes des participants sont mis en ligne.

La semaine dernière, j'étais d'humeur à me lancer de défis. C'est donc avec jubilation que j'ai écrit (à la faveur de mes voyages en train) une petite nouvelle sur le thème "Mais que se passe-t-il au Triangle des Bermudes?".

A la maison, nous avons un goût particulier pour les contes des origines, les histoires qui racontent le début du monde. Sans doute à cause de Môsieur Kipling, qui a si bien raconté à sa "chère chérie" la création des animaux, leur domestication et l'invention de l'écriture.

Pour vous aussi, il n'y a pas de raison, voici le texte, pas vraiment pour les enfants, mais je l'ai lu avec mon Lapin, et moyennant quelques explications de vocabulaire, il a bien aimé: 

Mais que se passe-t-il au Triangle des Bermudes?

Il ne se passe rien, au Triangle des Bermudes. Et depuis fort longtemps.

Chacun sait cela, depuis fort longtemps.

Car depuis fort longtemps, les êtres vivants évitent le Triangle des Bermudes, pour des raisons bien connues, et les navires n'y passent pas. Et ceux qui y passent n'y repassent pas.

Il n'en a pas toujours été ainsi.

Aux temps des premiers temps du tout début du Monde, quand l'Homme n'était pas encore tout à fait l'Homme et que les animaux ressemblaient plus ou moins tous à des rhinocéros, le Triangle des Bermudes état un lieu.

Aujourd'hui, il n'est plus qu'un endroit, et encore, plutôt mal identifié.

Longtemps, le Triangle des Bermudes a été une sorte de centre du Monde, et c'était alors un monde à l'envers.

Au cours des premiers millénaires, le Triangle a aspiré tout ce qui passait à sa portée. C'était une solution idéale pour peupler cette zone rurale excessivement déserte. Quelque chose, ou quelqu'un en son cœur secret, rêvait de gloire et se voyait à la tête d'une civilisation cosmopolite, tolérante et dotée d'un fort potentiel d'innovation. Il fallut longtemps se contenter de micro-organismes, mais peu à peu et à force de patience, ils évoluèrent, et quelque chose fut possible.

Et c'est précisément sous la surface d'une mer en miroir, et dans sa géographie précise et symbolique, que la première et plus grande ville du Monde était bâtie à l'envers par des êtres que la nature avait programmés dans ce but.

Il ne savaient faire que cela, bâtir une ville de calcaire, et c'était assez aisé, la base se tenant juste sous la surface et le sommet des immeubles culminant dans les profondeurs, il n'y avait qu'à descendre.

La seule difficulté résidait dans la nécessité d'empêcher que la ville ne dérivât, à quoi l'on avait remédié avec force harnais, lacets, cordons et bretelles.

Pendant que les organismes devenaient plus ou moins des animaux, la Mère des Pères et des Mères (car c'était elle qui régnait sur la ville), s'occupait à pondre le Monde.

 

La mère des Pères et des Mères

C'était un dur labeur, à la hauteur de ses ambitions. Mais elle n'était pas à l'abri d'une erreur.

L'Homme n'existait pas encore, et encore moins la femme, car en ce temps des premiers temps, la Mère tenait à demeurer unique.

Épuisée d'avoir pondu tout ce qui vit et ne vit pas, elle fit donc une erreur.

Elle pondit l'homme, et le dota d'un système reproductif, afin de s'éviter les souffrances d'une seconde pondaison.

Ils crûrent, et se multiplièrent. Hommes et femmes se différencièrent, et le pouvoir de pondre sa descendance fut donné à ces dernières.

Très vite, ces créatures refusèrent d'amarrer la ville et leurs logis.

Ils adoptèrent des perroquets et finirent immanquablement par inventer le bateau et le tromblon qui assurent un enrichissement rapide sur les palpitantes mers du sud.

Ils partirent donc les uns après les autres faire ce qu'ils avaient à faire de par le Monde encore vierge.

Tous ses enfants quittèrent la Mère des Pères et des Mères dans le sillage des hommes, non sans avoir auparavant tranché tous les cordons, et dans le but avoué de s'extirper de ces bas-fonds et de contempler enfin autre chose que l'ondulation perpétuelle des algues marines, qui vous ont de ces airs de noyée à vous crever le cœur.

Ainsi la ville sombra-t-elle dans les abysses, où elle gît encore inexplorée.

La Mère des Pères et des Mères décida d'y rester gésir aussi, et en conçut une immense colère, dont n'émergea que bien plus tard un grand chagrin.

Voilà pourquoi elle rappelle à elle ceux de ses descendants qui passent à sa portée.

Mais, pour l'instant, sous le Triangle des Bermudes, il ne se passe toujours rien.

 

Et si vous ne  connaissez pas la joyeuse bande qui anime le blog, il faut ABSOLUMENT lire tous les textes, et aussi tous les commentaires!! L'ambiance est au partage et à la rigolade, avec de vrais morceaux de littérature dedans!

Pour participer vous zaussi, c'est très simple, tout est expliqué sur la page d'accueil du blog Samedidéfi!

à vos plumes

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